Francis Galton et la photographie composite

Vers 1880, un nouveau type de portrait ayant connu un succès énorme disparut dans son usage originel après un petit nombre d’années, mais a survécu jusqu’à présent dans des formes nouvelles d’une manière protéiforme : ce qu’on appelle la photographie typologique ou photographie composite. Elle est particulièrement intéressante au point de vue de l’histoire de la photographie comme de l’histoire des sciences, car non seulement elle s’inscrit dans le contexte très varié du darwinisme social et accompagne l’apparition de la statistique comme procédure des sciences sociales, mais elle expose ouvertement leur contenu idéologique. Le protagoniste de cette naissance et de cette survivance est Francis Galton, dont l’oeuvre a embrassé un grand nombre de domaines de la science, qui vont de la recherche climatique à l’instauration de la statistique en tant que procédure, en passant par l’eugénisme, volet aujourd’hui très contesté de son oeuvre.

Francis Galton, photographie composite d’une famille : deux fils, deux filles, père et mère, 1882, portrait composite sur plaque de verre. Londres, courtoisie University College London, Library Services, Special Collections.

Bernd Stiegler est professeur de littérature allemande moderne, notamment du XXe siècle, dans le contexte de l’histoire des médias, à l’université de Constance. Ses recherches portent sur l’histoire et la théorie de la photographie et sur la littérature allemande et française des XIXe et XXe siècles. Parmi ses parutions récentes en français figurent Images de la photographie. Un album de métaphores photographiques (2015) ; Autour de ma chambre. Petite histoire du voyage immobile (2016) et L’Homme-montage. Une figure de la modernité (2019).

Référence : Bernd Stiegler, « Francis Galton et la photographie composite », Transbordeur. Photographie histoire société, no 7, 2023, pp. 18-27.

Transbordeur
Revue annuelle à comité de lecture