L’Internationale documentaire
Photographie, espéranto et documentation autour de 1900

Organiser une coordination des images documentaires suppose de s’entendre sur une nomenclature et des méthodes communes, exigence d’autant plus importante que les documents à gérer sont en quantité innombrable et voués à un accroissement exponentiel – ce que sont les photographies. C’est pour répondre à ce défi qu’en octobre 1906, différents acteurs de la documentation par l’image réunissent à Marseille, sous l’égide de l’Union internationale de photographie, un premier Congrès international de la documentation photographique, dans le but de « faciliter […] la création, le fonctionnement et la coordination d’archives photographiques ». Tout ce qui concerne « l’obtention, la conservation et l’utilisation du document photographique » est alors passé au crible des spécialistes – photographes, normalisateurs, éditeurs et bibliothécaires. Le colloque est présidé par le général Hippolyte Sebert, président de la Société française de photographie, mais aussi cofondateur de l’Institut international de bibliographie avec Paul Otlet et promoteur de sa Classification décimale universelle en France. Comme Otlet, il se passionne alors pour la nouvelle langue universelle, l’espéranto, et en favorise l’enseignement et la reconnaissance. C’est par l’intermédiaire de Sebert, notamment, que les milieux photographiques et espérantistes se côtoient autour de 1900 et que le congrès de Marseille de 1906 se verra traversé par les valeurs et les idéaux internationalistes de la langue universelle. Ce sont ces liens singuliers entre photographie, documentation et espéranto qu’explore cet article.

« Deuxième congrès international de photographie, Bruxelles, août 1891 ». © Société française de photographie.

Luce Lebart, historienne de la photographie et commissaire d’exposition, dirige l’Institut canadien de la photographie du Musée des beaux-arts du Canada après avoir assuré la direction des collections de la Société française de photographie de 2011 à 2016. Elle a publié Mold is Beautiful (Poursuite, 2015), Tâches et traces, premiers essais photosensibles d’Hippolyte Bayard (SFP/Diaphane, 2015), l’anthologie de textes Les Silences d’Atget (Textuel, 2016) et, avec Sam Stourdzé, Lady Liberty (Seuil, 2016).

Référence : Luce Lebart, « L’Internationale documentaire. Photographie, espéranto et documentation autour de 1900 », Transbordeur. Photographie histoire société, no 1, 2017, pp. 62-73.

Transbordeur
Revue annuelle à comité de lecture